Zoom sur l’étude Fimbrimenop
Certaines femmes porteuses d’anomalies génétiques présentent un risque augmenté de cancer des trompes et des ovaires (40 % de risque sur la vie entière en cas de mutation sur le gène BRCA1 et 20 % pour BRCA2, contre 1 à 2 % dans la population générale).
Chez ces femmes présentant une prédisposition génétique aux cancers des trompes et des ovaires, une décision complexe doit être prise avant l’âge de 40 ou 45 ans, selon la mutation génétique en cause. Le traitement préventif standard repose sur une chirurgie de réduction de risque annexielle : retirer les ovaires et les trompes afin de réduire le risque de cancer. Cependant, ce traitement comporte des effets secondaires notamment une ménopause précoce, avec ses conséquences sur la qualité de vie et la majoration du risque d’événement cardiovasculaire et d’ostéoporose.
Une étude pilote validant la faisabilité d’une chirurgie en deux temps
« Retirer les annexes (trompes + ovaires) engendrent diverses problématiques notamment la ménopause précoce. Des arguments scientifiques suggèrent que la source même du cancer des ovaires se situe au niveau de la trompe. Ainsi retirer les trompes permet de réduire une grosse partie du risque tout en maintenant l’imprégnation hormonale physiologique des patientes », témoigne le Dr Audrey Mailliez, oncologue au Centre.
Le Dr Leblanc, chirurgien au Centre, aujourd’hui retraité, avait mené une étude innovante visant à évaluer la faisabilité de retirer uniquement les trompes dans un premier temps puis les ovaires dans un second temps après la ménopause naturelle ou au plus tard à 50 ans. Cette technique reposant sur une chirurgie en deux étapes propose une alternative adaptée permettant une réduction du risque de cancer sans altérer la qualité de vie ni majorer le risque cardiovasculaire et d’ostéoporose.
Améliorer la prévention des femmes à risque en optimisant leur qualité de vie
Cette approche pourrait être une alternative pour les femmes porteuses de mutations BRCA1 et BRCA2, qui présentent un risque élevé de cancer des ovaires et des trompes.
Suite à l’étude préliminaire de faisabilité menée par le Dr Leblanc, le Centre coordonne aujourd’hui l’étude Fimbrimenop portée par les docteurs Carlos Martinez Gomez, chirurgien au Centre et Audrey Mailliez, oncologue au Centre.
« Retenue pour un financement par le PHRC (Programme Hospitalier de Recherche Clinique), l’étude vise à évaluer l'évolution de ces patientes sur plusieurs années. Elle suivra deux groupes : celles qui choisissent la chirurgie en deux temps et celles qui optent pour l'intervention standard.
En plus d'évaluer l'efficacité de cette technique en termes de prévention du cancer, l'étude relèvera les complications post opératoires, les effets secondaires d’une ménopause précoce notamment cardiovasculaires, neurologiques et osseux ainsi que l'impact sur la qualité de vie.
Le recrutement de 1100 patientes commencera en mars 2025 dans une vingtaine de Centres répartis à travers la France », expliquent les docteurs Mailliez et Martinez Gomez.
Les patientes concernées seront identifiées lors des consultations d’oncogénétique, et celles-ci seront ensuite orientées vers le chirurgien pour discuter des détails de l'intervention.
Une approche innovante dans la prévention des cancers des ovaires et du sein
Cette nouvelle technique pourrait améliorer la gestion du risque de cancer des trompes et des ovaires chez les femmes identifiées à haut risque, en offrant une alternative moins invasive qui préserve leur qualité de vie tout en diminuant leur risque de cancer.
L’étude Fimbrimenop est un pas important vers une prévention encore plus personnalisée du cancer des trompes et des ovaires : elle pourrait permettre à de nombreuses femmes de maintenir leur équilibre hormonal jusqu'à la ménopause naturelle, tout en réduisant les risques liés à leur prédisposition génétique.